L'humour est la politesse du désespoir. Marteens est vraiment désespéré ! 
Marteens est un homo vieillissant et malade, meurtri par la mort de son compagnon, qui accepte, contre rémunération, de contracter un mariage blanc avec une jeune africaine et donc de vivre avec elle dans sa belle maison pleine des souvenirs de son passé.
Voilà un thème qui est très loin de mes préoccupations quotidiennes personnelles et très honnêtement, à la lecture de la quat'de couv', j'y allais un peu à reculons (no comment please).
Mais finalement, voilà un roman plein de bonnes surprises : l'humour froid et décapant d'un être qui n'a plus rien à perdre s'allie à une écriture cinématographique et pleine de lumière. Nous suivons pas à pas Marteens et sa Tamara dans tous les coins et toutes les aventures où l'auteur les entraîne et, sans  longues descriptions, nous sommes avec eux : dans la belle maison Arts Déco de Marteens, à la maison de retraite où se meurt son vieux père, dans un tramway, dans un rade pisseux,  ou encore à l'église  le jour de leur mariage. Un élément du décor suffit à camper celui-ci, à en capter la lumière et l'atmosphère. 
Une autre belle surprise est l'amour et la compassion de l'auteur pour ses personnages et aussi Tamara elle-même, la warrior au grand coeur, qui nous met en face de l'humanité que nous avons perdue.
Malgré quelques outrances sexuelles qui, a force de les lire sous n'importe quelle plume, finissent par n'être plus  que des clichés, ce livre est pour moi une belle révélation, qui m'a donné envie de continuer à découvrir cet auteur peu connu en France, à travers d'autres thèmes. 

Au début de la lecture, le style ne m'a pas enthousiasmée. Mais j'ai été entrainée malgré mes réticences dans le dernier tourbillon de la vie du personnage principal et son mariage blanc, son deuil, son entourage. C'est sombre, tourmenté, lugubre, désabusé, cynique. Quelques étincelles d'humanité, de compassion et d'espoir sont des oasis bienvenues. J'en suis sortie à bout de souffle. Une grande plume.