• Les résumés (sélection)

  • Pendant les dix ans qui séparent les émeutes de l’automne 2005 des attentats de 2015 contre Charlie Hebdo puis le Bataclan, la France voit se creuser de nouvelles lignes de faille. La jeunesse issue de l’immigration postcoloniale en constitue le principal enjeu symbolique. Celle-ci contribue à la victoire de François Hollande aux élections de 2012. Mais la marginalisation économique, sociale et politique, entre autres facteurs, pousse certains à rechercher un modèle d’"islam intégral" inspiré du salafisme et à se projeter dans une "djihadosphère" qui veut détruire l’Occident "mécréant". Le changement de génération de l’islam de France et les transformations de l’idéologie du djihadisme sous l’influence des réseaux sociaux produisent le creuset d’où sortiront les Français exaltés par le champ de bataille syro-irakien. Fin 2015, près de mille d’entre eux l’ont rejoint et cent cinquante y ont trouvé la mort, sans compter ceux qui perpètrent leurs attentats en France. Dans le même temps, la montée en puissance de l’extrême droite et les succès électoraux du Front national renforcent la polarisation de la société, dont les fondements sont aujourd'hui menacés de manière inédite par ceux qui veulent déclencher, dans la terreur et la désolation, la guerre civile. C’est à dénouer les fils de ce drame qu’est consacré ce livre. Spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain, Gilles Kepel anime le séminaire "Violence et dogme" à l’École normale supérieure et enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris. Il a récemment publié aux Éditions Gallimard Passion arabe (2013) et Passion française (2014). Antoine Jardin, ingénieur de recherches au CNRS, est spécialiste de la sociologie politique des quartiers populaires.


  • Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes.

    Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du fardeau de l'humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l'avenir avec sérénité.

    «Rusé, sauvage, et élégant... Toni Morrison distille des éléments de réalisme et d'hyper-réalisme dans un chaos magique, tout en maintenant une atmosphère narrative séductrice et poétique, voire toxique... Une fois encore, Toni Morrison déploie une écriture courageuse et sensuelle qui fait d'elle, sans doute, la plus grande romancière contemporaine.» Lisa Shea, Elle

    «Toni Morrison ajoute une nouvelle pierre à l'édifice d'une oeuvre [...] au sein de laquelle elle ne cesse d'examiner, d'interroger les conflits et les changements culturels de notre époque. Délivrances est incontestablement un nouveau chef-d'oeuvre.» Jane Ciabattari, BBC


  • Sur la scène d’un club miteux, dans la petite ville côtière de Netanya, en Israël, le comique Dovale G. distille ses plaisanteries salaces, interpelle le public, s’en fait le complice pour le martyriser l’instant d’après. Dans le fond de la salle, le juge Avishaï Lazar, un homme qu’il a convié à son one man show − ils se sont connus à l’école −, écoute avec répugnance le délire verbal de l’humoriste.
    Mais peu à peu le discours part en vrille et se délite sous les yeux des spectateurs médusés. Car ce soir-là, Dovale met à nu la déchirure de son existence : le choix terrible et fatal qu’il a dû faire à l’adolescence. La scène devient alors le théâtre de la vraie vie.
    Le récit évolue sur une frontière mouvante entre réalité et inconscient, sentiments violents et actes inaboutis, tandis que l’humour et la dérision colorent les épisodes poignants.
    Dans ce livre vibrant, porté par un souffle dévastateur, David Grossman le magicien se coule dans ses personnages, reproduit leurs propos, du plus cru au plus délicat, exhume les souvenirs refoulés. Tient, en somme, la comptabilité des âmes.

    Traduit de l’hébreu par Nicolas Weill


  • Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Detroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. C'est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l'instar de centaines d'enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se demande l'inspecteur Brown chargé de l'enquête. C'est là, aussi, qu'Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d'amour pour le retrouver.Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville mythique des États-Unis devenue fantôme et met en scène des vies d'aujourd'hui, dans un monde que la crise a voué à l'abandon. Avec une poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu'est l'amour au temps des catastrophes.


  • Tout semble aller comme il se doit dans la petite ville de Carthage (Etat de New York) en ce début de juillet 2005, si ce n'est que Juliet Mayfield, la ravissante fille du maire a, pour des raisons pas très claires, rompu ses fiançailles avec le caporal Brett Kincaid, héros retour de la guerre d'Irak Un héros très entamé dans sa chair et dans sa tête. Et dont pourtant Cressida, la jeune soeur rebelle de Juliet, est secrètement amoureuse.

    Or, ce soir-là Cressida disparaît, ne laissant en fait de traces, que quelques gouttes de son sang dans la jeep de Brett. Qui devient alors le suspect numéro°1, et, contre toute attente, avoue le meurtre... Sept ans après, un étrange personnage surgit qui va peut-être réconcilier les acteurs de ce drame bizarre avec eux-mêmes et résoudre l'impossible mystère C'est ce à quoi vise à l'évidence l'auteur qui, infatigablement, fait front de toutes parts : à la violence, à la guerre, au dérangement des esprits et des corps, à l'amour et à la haine.

    Et à une exploration inédite des couloirs de la mort... Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs et de la littérature.


  • Dany-Robert Dufour s'en donne les moyens. Il part de ce que Descartes proposait dans Le discours de la méthode, fondement de la raison moderne : que les hommes "se rendent comme maîtres et possesseurs de la nature". Un tournant dans l'aventure humaine qui a entraîné le développement progressif du machinisme et du productivisme, jusqu'à l'inflation technologique actuelle affirmée comme valeur suprême.

    Si ce délire occidental fait aujourd'hui problème, c'est qu'il a gagné le monde (la mondialisation néolibérale qui exploite tout, hommes et environnement, à outrance) et qu'il est appelé, comme tout délire, à se fracasser contre le réel. D'une part, parce que la toute-puissance et l'illimitation des prétentions humaines qu'il contient ne peuvent que rencontrer l'obstacle : notre terre réagit déjà vigoureusement aux différents saccages en cours.

    D'autre part, parce que ce délire altère considérablement les trois sphères fondamentales de la vie humaine que sont le travail, le loisir et l'amour en les vidant de tout sens - ce que l'auteur examine avec soin. Mais tout n'est pas perdu : c'est à une nouvelle raison délivrée de ce délire que Dany-Robert Dufour en appelle pour une refondation de la civilisation occidentale, dont il esquisse les possibles contours.


  • Engagée au New World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly se voit confier une mission pour le moins singulière : se faire passer pour folle et intégrer un asile psychiatrique pour femme, le Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island, New York. Intrépide, courageuse et soucieuse de dénoncer les conditions de vie des laissés-pour-compte, Nellie Bly accepte le défi et se fait alors passer pour une malade ; elle crée par la même occasion le reportage infiltr&, dont le modèle sera plus tard repris par Hunter S.

    Thompson, Gunter Wallraff ou Florence Aubenas. Après une nuit d'entraînement, l'illusion est parfaite : tous les médecins la déclarent folle et se prononcent pour son internement. Elle reste dix jours dans l'hôpital. Le reportage fait la Une de toute la presse et met en lumière les conditions de vie épouvantables des patientes et les méthodes utilisées par le personnel (nourriture avariée, eau souillée, bâtiments infestés).

    Suite à la publication du livre 10 jours dans un asile, les fonds alloués aux hôpitaux psychiatriques furent augmentés de 850 000 dollars.


  • Que faire des idéaux que sont l'internationalisme, le dépérissement de l'Etat et l'horizontalité radicale ? Les penser. Non pas sur le mode de la psalmodie mais selon leurs conditions de possibilité. Ou d'impossibilité ? C'est plutôt la thèse que ce livre défend, mais sous une modalité décisive : voir l'impossible sans désarmer de désirer l'impossible. C'est-à-dire, non pas renoncer, comme le commande le conservatisme empressé, mais faire obstinément du chemin.

    En sachant qu'on n'en verra pas le bout. Les hommes s'assemblent sous l'effet de forces passionnelles collectives dont Spinoza donne le principe le plus général : l'imperium - "ce droit que définit la puissance de la multitude". Cet ouvrage entreprend de déplier méthodiquement le sens et les conséquences de cet énoncé. Pour établir que la servitude passionnelle, qui est notre condition, nous voue à la fragmentation du monde en ensembles finis distincts, à la verticalité d'où ils tirent le principe de leur consistance, et à la capture du pouvoir.

    Il ne s'en suit nullement que l'émancipation ait à s'effacer de notre paysage mental - au contraire ! Mais elle doit y retrouver son juste statut : celui d'une idée régulatrice, dont l'horizon est le communisme de la raison.


  • Eh bien, du « Connais-toi toi-même » de Socrate, nous voilà arrivés à « Connaissons-nous nous-mêmes » de Harari. Un livre espiègle écrit par un universitaire, professeur d’histoire, dans un langage accessible à tous, pour nous dire d’où nous venons et où nous allons! Un livre qui peut meubler vos longues nuits d’hiver tout en vous faisant réfléchir et rire. Car ce livre, écrit avec beaucoup d’humour, est largement documenté tout en défendant un certain nombre d’idées que certains qualifient de « provocatrices ». 

    « Comment Homo sapiens a t’il réussi à franchir le seuil critique de 150 personnes »- taille maximum, qui, selon Harari, permet à un ensemble d’individus d’être reliés - ? C’est grâce à la « colle mythique ». Le journaliste John Reed du Financial Times, explique l’idée de l’auteur : « Ce qui a permis aux humains de devenir l’une des espèces les plus réussies de l’Histoire, soutient Harari, a été leur capacité à construire et à fédérer des petits groupes derrière certaines « fictions » : des légendes nationales et religions organisées jusqu’aux systèmes de valeurs modernes tels que les droits humains et la société à responsabilité limitée moderne aux milliers d’employés, commandés par d’énormes lignes de crédit ». L’auteur lui-même poursuit « Essayez donc d’imaginer combien il eût été difficile de créer des Etats, des Eglises ou des systèmes juridiques, si nous ne pouvions parler que de ce qui existe réellement, comme les rivières, les arbres et les lions ». 

    Harari insiste sur la notion d’intersubjectivité « cette colle qui a fait de nous les maîtres de la création », qui est une subjectivité partagée par de nombreux individus : « Nombre des moteurs les plus importants de l’histoire sont intersubjectifs : loi, argent, dieux et nations. Intersubjectifs car ils n’existent qu’au sein du réseau de communication qui lie la conscience subjective de nombreux individus. Qu’un individu change de croyances ou même meure est sans grande importance. Mais, si la plupart des individus du réseau meurent ou changent de croyances, le phénomène intersubjectif changera ou disparaîtra ». 

    L’auteur, qui nous fait évoluer, avec nos ancêtres, nous tous « Sapiens », qualifie la Révolution Agricole de piège, piège inévitable mais piège quand-même et le titre du chapitre relatif à cette affirmation s’intitule : « La plus grande escroquerie de l’histoire ». D’après Harari, les fourrageurs jouissaient apparemment d’un mode de vie plus confortable et gratifiant que la plupart des paysans, bergers, travailleurs et employés de bureau qui leur succédèrent. « L’examen des squelettes fossiles […] nous apprend que les anciens fourrageurs […] étaient généralement plus grands et en meilleure santé que leurs descendants cultivateurs ». 

    Et –bien pire ?- Sapiens a commencé faire de l’élevage. Aujourd’hui les traitements infligés aux bovins, aux cochons et aux poulets,  sont particulièrement « inhumains ». Nous ne sommes pas plus cléments avec la faune : « L’histoire donne de l’Homo Sapiens l’image d’un serial killer écologique ». 

    Ensuite, de l’invention de la monnaie (le premier nom d’attesté de l’histoire appartient à un comptable, pas à un prophète, ni à un poète, ni à un conquérant, dit l’auteur), à nos jours, où toute l’humanité s’incline devant le capitalisme –une autre de nos « colles mythiques »-, l’histoire que Harari a écrit nous éclaire, nous les Sapiens, sous une autre lumière.

    Et aujourd’hui ? Les êtres humains peuvent manipuler l’ADN, connecter le cerveau humain aux ordinateurs et changer les règles de la sélection naturelle au point de devenir des dieux eux-mêmes. 

    Où allons-nous ? Sur notre chemin il y a ce livre déjà traduit en 28 langues allant du finnois au turc.


  • Peu de gens le savent : Jésus occupe dans le Coran une place éminente. C'est de cette surprise que Prieur et Mordillat sont partis. Bien que le Livre sacré de l'islam soit un texte difficile à appréhender pour les non-musulmans, il existe des points de contacts qui leur en permettent la lecture : une lecture critique à la fois littéraire et historique, une lecture non religieuse comme celle entreprise précédemment avec le Nouveau Testament.

    La sourate IV qui raconte de manière très particulière la crucifixion de Jésus est le point de départ. A partir de ces quelques versets, les auteurs ont cherché à reconstituer ce qu'ils pouvaient savoir de la prédication de Mahomet et pourquoi elle s'est développée dans une région de réputation païenne, tout en étant très marquée par les références bibliques et l'influence des églises syriaques. Une religion ne naît jamais de rien.

    L'islam s'est voulu l'ultime révélation après la révélation juive et la révélation chrétienne. Elle en est à la fois l'héritière et l'adversaire. C'est au carrefour des trois formes du monothéisme, dans l'héritage du judaïsme de Moïse et du judéo-christianisme de Jésus, que les auteurs ont voulu comprendre les origines de l'islam. Pourquoi et comment le juif de Galilée mué en Christ fondateur du christianisme est devenu, dans la péninsule arabique au VIIe siècle de notre ère, "le messie Jésus, fils de Marie, envoyé d'Allah'", l'ultime prophète avant le Prophète...


  • Jonas Brand est reporter vidéo à Zurich. Spécialisé dans les émissions people, il rêve un jour de tourner Montecristo, un long métrage de fiction dont on lui a jusqu’alors refusé le financement. Lorsqu’il découvre qu’il est en possession de deux billets de cent francs suisses porteurs du même numéro de série – ce qui est a priori techniquement impossible –, il décide de mener l’enquête. Sans le savoir, il se trouve mêlé à une affaire dont il ne mesure pas l’ampleur. « Le nouveau roman de Martin Suter nous introduit dans le monde interlope de la haute finance suisse. […] Montecristo n’est pas seulement le tableau profondément pessimiste d’un milieu. Il traite aussi de questions devenues quotidiennes de la vie politico-économique, en Suisse et ailleurs. L’importance vitale des banques pour le système, par exemple, invoquée par les conjurés pour justifier leur campagne de maquillage des comptes. » Sebastian Baltzer, Frankfurter Allgemeine Zeitung « Haletant thriller financier, […] Montecristo marque le grand retour de Martin Suter au roman d’investigation métaphysico-policière. […] La fiction devient entre les mains expertes de Suter une arme de destruction massive. » Olivier Mony


  • Dans une supérette de quartier, quelques clients font leurs courses, un jour comme tant d'autres. Parmi eux une jeune maman qui a laissé son petit garçon de trois ans seul à la maison devant un dessin animé. Seulement quelques minutes, le temps d'acheter des couches pour la nuit. Parmi eux un couple adultère. Parmi eux une vieille dame et son aide familiale, un caissier qui attend de savoir s'il va être papa, une mère en conflit avec son adolescent.

    Des gens normaux, sans histoires, ou presque. Et puis un junkie qui, à cause du manque, pousse la porte du magasin, armé et cagoulé. Mais quand le braquage tourne mal et que, dans un mouvement de panique, les rôles s'inversent, la vie de ces hommes et femmes ordinaires bascule dans l'horreur. Dès lors, entre victimes et bourreaux, la frontière est mince. Si mince...


  • 1520. Tenochtitlan, Mexique. Des fleuves de sang inondent les rues. Pas un Aztèque n'en réchappera, civil ou guerrier, prêtre, femme ou enfant. Les hommes bardés de fer sont venus pour l'or et la gloire. Ils ont fait parler le tonnerre. La mort est leur alliée. 1706. Archipel Juan Fernandes, Chili. Du haut de son promontoire, Alexander Selkirk voit sombrer un navire, victime des bordées de boulets espagnols.

    La solitude se referme sur lui, une fois de plus. De nos jours. A la bibliothèque du Congrès, un manuscrit inconnu fait surface après plus de deux siècles. Daniel Defoe aurait-il manipulé l'Histoire en rédigeant son fameux Robinson Crusoé ? Que voulait-il dissimuler à ses contemporains ? Autant de questions auxquelles devront répondre Dick Benton et les Rats de poussière, tandis que dans l'ombre, des forces manigancent et qu'un tueur impitoyable se lance à leurs trousses.


  • Freedom Oliver, alcoolique et suicidaire, a passé dix-huit ans à se cacher dans l'Oregon, protégée par le FBI. Elle souffre d'avoir dû abandonner ses enfants pour échapper à la vengeance de son beau-frère. En apprenant la disparition de sa fille, elle quitte son anonymat pour partir à sa recherche. Prix Transfuge du meilleur polar étranger 2015.


  • Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens ? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête ? Eh bien, c'est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l'aide à arrêter pas mal de faux innocents... A des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome.

    Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement 1 intéresser le FBI... Iain Levison nous entraîne dans un suspense d'une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l'homme. Mais sait-on vraiment tout de nous ?


  • Pouilles, printemps 1946. D'un côté il y a les soeurs Porro, qui vivent recluses dans leur palais et ignorent le monde environnant. De l'autre les ouvriers agricoles, bousculés par la guerre et tenaillés par la faim. Les soeurs continuent à tenir leur rang, à se rendre à l'église, à se pencher sagement sur leurs broderies. Les travailleurs, eux, se mobilisent pour obtenir un emploi, nourrir leurs enfants, contenir la pression des réfugiés qui affluent dans la botte du pays. Ce jour de mars 1946 la foule se rassemble sur la place où s'élève la noble demeure pour un meeting syndical lorsqu'un coup de fusil retentit. Milena Agus a rempli les vides de cette histoire vraie grâce à son imagination. Elle fait revivre sous les yeux du lecteur les soeurs Porro, prisonnières comme les paysans de leur condition sociale mais coupables de n'avoir pas ouvert les yeux sur les cruautés de l'Histoire. Luciana Castellina nous relate cet épisode de l'Histoire dans le contexte trouble de l'époque : le débarquement allié en Italie du Sud, la dissolution du Parti fasciste, l'établissement du roi à Brindisi, l'arrivée des réfugiés dans les Pouilles et les révoltes paysannes. Une flambée de violence que les historiens ont quasiment passé sous silence et qui prend aujourd'hui toute sa signification.


  • Après des années passées à New York, Barnabas Kane retrouve le Donegal en 1945 et s'installe sur une ferme avec sa femme et son fils. Mais l'incendie, accidentel ou criminel, qui ravage son étable, tuant un ouvrier et décimant son bétail, met un frein à ce nouveau départ. Confronté à l'hostilité et à la rancoeur d'une communauté qui l'accuse d'avoir tué l'un des leurs, confiné sur cette terre ingrate où l'inflexibilité des hommes le dispute à celle de la nature, Barnabas Kane va devoir choisir à quel monde il appartient.

    L'âpreté lyrique du premier roman de Paul Lynch, Un ciel rouge, le matin, qui métamorphosait le paysage irlandais en un vaste territoire à l'horizon sans limites, se retrouve dans La neige noire, roman pastoral, minéral et tellurique qui confirme le talent de ce jeune auteur révélé en France en 2014, et salué comme le digne héritier de Cormac McCarthy.


  • A l'âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver.

    Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n'est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte.

    Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il construit une de ces ambiances oppressantes dont il a la clé et fait preuve d'une complexité thématique impressionnante. A la lecture, les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ?


  • Par une froide nuit d'octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l'enquête conclut à un suicide, le journaliste d'investigation Scott Mc Grath ne voit pas les choses du même oil. Alors qu'il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, Mc Grath se retrouve confronté à l'héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d'horreur Stanislas Cordova - qui n'est pas apparu en public depuis trente ans.

    Même si l'on a beaucoup commenté l'ouvre angoissante et hypnotique de Cordova, on en sait très peu sur l'homme lui-même. La dernière fois qu'il avait failli démasquer le réalisateur, Mc Grath y avait laissé son mariage et sa carrière. Cette fois, en cherchant à découvrir la vérité sur la vie et la mort d'Ashley, il risque de perdre bien plus encore. Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l'horreur et le mal.

    L'inventivité de l'auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l'apparence classique d'un récit à suspense, explore la part d'ombre et d'étrangeté tapie au coeur de l'humain.


  • C'est l'été, la saison préférée de Blanca. Après le décès de sa mère, elle quitte Barcelone pour s'installer dans la maison de vacances familiale de Cadaqués. Sur cette terre riche des souvenirs de son enfance, sous le soleil de la Méditerranée, elle cherche l'apaisement. Mais elle ne part pas seule, une troupe disparate et invraisemblable l'accompagne : ses deux ex-maris, les fils qu'elle a eus d'eux, ses amies Sofía et Elisa, son amant Santi et, bien entendu, sa mère défunte, à qui elle ne cesse de parler par-delà la mort, tant cette disparition lui semble difficile et inacceptable.

    Les baignades, les promenades en bateau et les siestes dans le hamac vont se succéder, tout comme ces longs dîners estivaux au cours desquels les paroles s'échangent aussi facilement que les joints ou les amours. Les souvenirs affleurent alors, faisant s'entrelacer passé et présent. Blanca repense à cette mère fantasque, intellectuelle libre et exigeante, qu'elle a tant aimée et tant détestée. Elle lui écrit mentalement une lettre silencieuse et intense dans laquelle elle essaie de faire le bilan le plus honnête de leur relation douloureusement complexe.

    Elle lui dit avec ses mots tendres, drôles et poignants que face à la mort elle choisit l'élégance, la légèreté, la vie. Elle lui dit qu'elle choisit l'été et Cadaqués car elle sait que ça aussi, ça passera. Livre événement de la Foire de Francfort 2014, traduit et publié dans une trentaine de pays, ce deuxième roman de Milena Busquets est un petit prodige d'équilibre et d'intelligence.


  • " Tu te maries avec elle, tu vis avec elle. Mais si tu la touches, je te massacre. " C'est le deal qu'accepte Maarten Seebregs, homosexuel dans la cinquantaine au chômage, en deuil de son ami Gaétan mort à l'hôpital, pour épouser, moyennant finances, la petite amie africaine de Norbert Vandessel en délicatesse avec la police des étrangers. Un mariage blanc avec une Noire... À partir de cette situation tragi-comique, Tom Lanoye dresse un portrait au vitriol de la misère moderne dans une Europe dont la Belgique est le coeur.

    Solitude, contrôles, surveillance, petitesses, arnaques, tout tue la vie dans cette grisaille où tente de pénétrer l'Afrique, incarnée par la belle Tamara.


  • 29 avril-4 mai 1992. Pendant six jours, l'acquittement des policiers coupables d'avoir passé à tabac Rodney King met Los Angeles à feu et à sang. Pendant six jours, dix-sept personnes sont prises dans le chaos. Pendant six jours, Los Angeles a montré au monde ce qui se passe quand les lois n'ont plus cours. Le premier jour des émeutes, en plein territoire revendiqué par un gang, le massacre d'un innocent, Ernesto Vera, déclenche une succession d'événements qui vont traverser la ville.

    Dans les rues de Lynwood, un quartier éloigné du foyer central des émeutes, qui attirent toutes les forces de police et les caméras de télévision, les tensions s'exacerbent. Les membres de gangs chicanos profitent de la désertion des représentants de l'ordre pour piller, vandaliser et régler leurs comptes. Au cour de ce théâtre de guerre urbaine se croisent sapeurs pompiers, infirmières, ambulanciers et graffeurs, autant de personnages dont la vie est bouleversée par ces journées de confusion et de chaos.

    Six jours est un roman choral magistral, une sorte de The Wire (Sur Ecoute) transposé sur la côte Ouest, un texte provocant à la croisée de Short Cuts et Boyz N the Hood. Un récit épique fascinant, une histoire de violence, de vengeance et de loyautés.


  • L'histoire d'une femme qui voulait devenir un caillou.


  • "Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté." Ce rêve, la bande d'Hugo va l'exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l'indépendance et l'amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher. Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d'être à la fois un roman initiatique, une fable sur l'amitié en même temps que le récit d'une aventure.

    Avec ce livre d'un nouveau genre, Henri Loevenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road-movie fraternel et exalté.


  • L’addiction est un sujet de société contemporain. Clarisse, thérapeute, cherche à innover dans le traitement des addictions individuelles en réunissant différents profils de dépendants dans un même groupe de parole. Un addict au jeu, un prêtre cocaïnomane, une jeune junkie, un sex-addict, une alcoolique, une acheteuse compulsive, un bigorexique (dépendant au sport)… Sept personnages esclaves de leurs pulsions, en souffrance, ennemis d’eux-mêmes, se retrouvent ponctuellement face à face dans le but d’échanger et de rompre leur solitude. Car tous, au fond, souffrent d’une pesante solitude et c’est sur quoi Clarisse veut travailler mais, rapidement débordée par ces personnalités hors normes toutes plus déjantées les unes que les autres, la situation va très vite lui échapper. 

    Héléna Marienské (Rhésus (2006), Le degré suprême de la tendresse (2008), Fantaisie-Sarabande (2014)), nous entraîne à travers un récit rythmé, à la fois drôle et cruel, dans la démesure et la folie de ses personnages aussi improbables que touchants. Amusés et sensibles à leur désespoir, nous suivons ces êtres en perdition qui vont trouver au sein de leur groupe de parole tout d’abord voué à l’échec, la solution qui n’était pas prévisible.

    Une comédie cocasse et plaisante à lire, qualifiée par ailleurs de «conte moderne» mais qui nécessite tout de même une certaine connaissance du poker qui est à lui seul le sujet de la dernière partie.

    En conclusion, soit vous vous y connaissez (alors tout va bien), soit vous vous y mettez, soit vous vous affublez de la « face poker » appropriée comme si de rien… pour apprécier jusqu’au bout.


  • Dans les salons littéraires de la Restauration, Charles Brifaut est un courtisan influent, vêtu à la dernière mode, menant grand train et dont on réclame le prochain chef-d'oeuvre. Un seul succès dramatique n'a-t-il pas suffi à le faire entrer à l'Académie ? En 1827, pour plaire à Charles X, son roi, Brifaut conclut un pacte fatal en acceptant la fonction de censeur des théâtres et règne désormais sur tout le répertoire du Théâtre-Français, sur les romantiques et notamment Hugo.

    Cette emprise sera bientôt troublée par l'arrivée d'un étrange secrétaire, un copiste gris et inquiétant du nom de Kovaliov. Inspiré d'un personnage historique qui dans ses Mémoires se garda bien d'évoquer sa fonction, Le Censeur dépeint de façon vivante et enlevée un XIXe siècle nourri du secret des archives de la censure dramatique, autant que de la folie des Contes d'E T A. Hoffmann et des romans russes.


  • C'est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d'une jeune mère flamboyante et d'un père aveugle, Zohar l'insoumis. Et voici que sa soeur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d'enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant.

    Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l'Egypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l'apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l'Egypte sous la poussée des Frères musulmans, première éruption d'un volcan qui n'en finit pas de rugir.

    C'est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d'Hollywood. La naissance d'un monde moderne, pris entre dieux et diables.